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Night Owl
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14 mai 2010

"And the voices of those who stand looking"

Andy_Goldsworthy

(Photo : A. Goldsworthy)

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http://www.youtube.com/watch?v=GBAL__X7lqY

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Il n'y a plus rien, juste du vide; le tien. Il colle à la peau, ne lâche plus prise, étouffe, écoeure, étouffe, se répète, étouffe. Il semble invariable et constant. Peut-il s'oublier ?

Tu t'es enfui lâchement, silencieusement. Le bruit est parvenu trop tard; oui le bruit, parce que ça en a fait du bruit d'omettre des adieux à tant de personnes et d'abandonner tous ces kilos de souvenirs, nous laissant la tâche ingrate de les ramasser derrière toi. Ca nous donnait l'impression que ton départ n'était pas définitif et que tout ce qui t'appartenait allait t'être rendu en personne, en mains propres. Lorsque l'on sait que la saleté n'épargnait nullement tes mains... Quelle ironie finalement.

Tu nous en voulais tellement ? Partir sans un mot, une explication, sans aucune promesse d'affection ni même de retour... Quelle idée !

Ou peut-être que tu voulais faire table rase du passé ? Oui, ce doit être ça. Si l'on aime les personnes, ne serait-ce que très peu, on veut les rendre heureuses, et c'est impossible d'y parvenir tout en les écoeurant, n'est-ce pas ?

Les musiques semblent sans saveur désormais.

Certaines nuits, éveillée, je suis persuadée que tu seras assis au milieu de la chambre, fixant le vide, perdu dans diverses rêveries, closes à ton unique pensée, fumant tes clopes et prétextant ne pas avoir envie de dormir, que ce serait une perte de temps, ou ce genre de conneries absurdes. Mais quand je me réveille, le vide est là et s'impose. Hôte indésiré. La nuit n'agit pas comme on le souhaiterait. La nuit t'a recouvert tout entier et ne veut plus te laisser apparaître, égoïste qu'elle est. Elle doit beaucoup t'aimer pour t'avoir englouti ainsi, si rapidement.

Le vide se prétendait indescriptible. Comment pouvait-il être si suffisant ? Bien sûr que l'on peut le décrire, le nommer. Il est grand, il n'aime pas, s'approprie ce qu'il touche, rit malhonnêtement, tout en ayant l'intime conviction que rien n'est dérangeant si ce n'est sa présence.

Il se glisse sous la peau, dans le corps, le vidant de son essence avec une rapidité déconcertant ceux autour, persuadés d'avoir le temps nécessaire pour retracer le même chemin et parvenir à tout arrêter avant que ne survienne l'ineffable.

Il ne pourra jamais être ignoré ce vide, ce putain de vide. Pas plus que toi tu ne le pouvais.

Tu courais derrière le temps si souvent pour qu'il ait eu ce besoin de te rattraper puis de te dépasser ? De te réduire à ce que tu es aujourd'hui ? T'avais si peur de ne pas en avoir suffisamment ?

Vivre à si vive allure c'est épuisant, c'était un coup à voir ce fichu temps te mettre une claque dans la gueule et te ralentir pour toujours.

Mais, c'était comme tout le reste après tout, tu t'en foutais éperdument, n'est-ce pas ?

Seul comptait ce besoin de courir, quitte à s'essouffler avant l'heure, pour ne pas perdre ne serait-ce qu'un grain de sable, qu'une minuscule miette d'existence.

Et maintenant, dis-moi, tu ne trouves pas en avoir perdu du temps ?

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Oriane

(Mars 2010)

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